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INTRODUCTION.


II.


L’avénement de la branche cadette des Bourbons, qui, dans l’ordre politique, avait un sens très-simple, compris de tous : le retour à l’esprit libéral et l’influence prépondérante de la classe moyenne sur le gouvernement des affaires politiques, trouvaient la France dans un état social plus difficile à définir et qui échappait encore aux regards du plus grand nombre. Cet état très récent, mais dont s’inquiétaient déjà les esprits attentifs, était produit par l’accroissement excessif d’une fraction importante des masses populaires qui, par un concours de circonstances en quelque sorte fatal, en était venue à former comme une classe à part, comme une nation dans la nation, et que l’on commençait à désigner sous un nom nouveau : le prolétariat industriel. L’existence de ce prolétariat ne datait pas de loin ; il était né chez nous avec la liberté du commerce et de l’industrie. Pendant de longues années son développement avait été presque insensible, et les décrets de l’Assemblée constituante, qui, en abolissant les corporations, les jurandes et les maîtrises, avaient détruit une organisation incompatible avec le nouvel ordre social, ne s’étaient fait sentir que par leurs résultats heureux. Sous les guerres de la Républi-