Page:Agoult - Histoire de la révolution de 1848, tome 1.djvu/7

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
vii
DE LA SECONDE ÉDITION

saurait ressusciter des convictions mortes, ni soulever le poids de l’indifférence publique. »

À ces prévisions chagrines, s’ajoute l’expérience, acquise à mes dépens, de ce qu’il en coûte d’écrire l’histoire contemporaine, quand on veut le faire librement, sans subir la loi des partis.

Lorsque parut, en 1851, le premier volume de cette histoire, on voulut bien, il est vrai, rendre hommage à mes intentions droites ; on alla jusqu’à dire que j’avais « l’héroïsme de l’impartialité ; » mais on m’obligea, plus que je ne l’aurais souhaité, d’être héroïque, les uns, en m’attaquant avec une extrême violence, les autres, en ne me défendant pas, ou bien en me défendant avec une extrême froideur : d’où j’aurais dû conclure à une désapprobation générale, si des marques de sympathie venues de loin, une à une, mais d’année en année plus vives et plus nombreuses, ne m’avaient fait sentir que je n’étais pas, en réalité, aussi seule que je pouvais le paraître.

Dans cet accueil, dans cette douteuse et lente fortune d’un livre qui n’a pas mis moins de dix années à faire son chemin, je ne saurais voir, pour une publication nouvelle, de grands sujets d’espérer ce qu’on appelle le succès. Écrite d’une plume inquiète, au plus fort de la mêlée, l’Histoire de la Révolution de 1848 ne répond plus, d’ailleurs, à mes propres exigences et ne satisfait plus ma conscience d’écrivain, devenue plus sé-