Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/12

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

roirs, éclairées d’une lumière égale et argentée ; de molles prairies enveloppées de vapeurs blanchâtres, des eaux dormantes où se reflète un ciel nuageux ; quelque chose d’indécis et de monotone qui tient du rêve plus que de la réalité, une sorte de silence pour œil qui lui donne la sensation du repos tel est le caractère, tel est le charme indéfinissable de cette énigmatique nature.

Dès les temps fabuleux, lorsqu’elle était encore sauvage et indomptée, elle attira des races d’homme libres et hardis. Comme elle exigeait d’eux des efforts extraordinaires, elle s’en fit aimer passionnément. Entre le sol toujours en péril, perpétuellement reconquis au sein des tempêtes, et les générations qui s’obstinaient à le vouloir posséder, s’établit une communication étroite et vive. Nulle part la fatalité des éléments aux prises avec la volonté humaine n’exerça, en exaltant tout ensemble et en dominant le génie d’un peuple, une action plus manifeste sur ses destinées. En aucun lieu du monde les circonstances géographiques n’imposèrent plus de fixité au type national.

Quelles étaient ces races intrépides qui, les premières, entreprirent de disputer à l’Océan les Pays-Bas ? D’où venaient-elles ? On ne fait que le conjecturer. Une obscurité profonde nous dérobe, ici comme partout, les origines. Avant la conquête romaine, ces peuples ne nous sont point révélés. Dispersés, errants, barbares, ils se succèdent, se combattent, se poursuivent et se confon-