Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/20

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faisait semblable, pensait-il, à ces grands ennemis du nom romain : Annibal et Sertorius.

Longtemps, pour se mieux cacher, il feint l’amitié pour Vespasien. Quand il croit le moment venu, il prend prétexte d’un festin pour convoquer dans un bois sacré les premiers entre les Bataves. Là, il les harangue ; il les lie par des imprécations redoutables ; il leur rappelle les aïeux. Il leur montre « les peuples de la Syrie, de l’Asie, de tout l’Orient, accoutumés à des rois et faits pour l’esclavage ; mais leurs ancêtres, à eux, libres, indépendants et fiers, et les dieux toujours pour les plus braves[1]. »

S’alliant sous main avec les Caninéfates, les Frisons et d’autres peuples germaniques, il s’entend avec les cohortes qui reviennent de la Bretagne. Une révolte des légions de la Gaule le favorise. Alors, il lève le masque, il fait courir aux armes. Rompant les digues construites par les Romains, il invente, il met en œuvre cette inondation stratégique qui, depuis lui jusqu’à nous, a formé chez les peuples hollandais une portion notable de l’art de la guerre. Des présages, des signes célestes lui sont transmis par la grande vierge des Bructères, Velléda, prophétesse, qui lui annonce la chute de l’empire. Mais, après une longue suite de combats où le génie de Civilis parait tout à fait extraordinaire, les confédérés se lassent. Les tribus

  1. Tac., Hist., lib. IV,cap. 17.