Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/25

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Radbod meurt à trois jours de là. Cette mort soudaine, interprétée comme une sentence du vrai Dieu, étonne les Frisons et en convertit un grand nombre.

Cependant Poppo, le fils de Radbod, voudrait encore secouer le joug du Christ ; mais le vainqueur des Sarrasins entre en armes dans la Frise. il saccage les temples, brise les idoles, abat les bois sacrés, tue le roi ; il soumet tout le pays, du moins en apparence, au christianisme des Francs et à la royauté carlovingienne.

Cette conversion des Frisons par le fer et la flamme ne paraissant ni très-véritable ni très-solide, un nouvel apôtre se présente c’est Winfried ou Boniface, le pasteur de la Germanie. Ce grand homme, qui avait sacré Pepin le Bref, fondé à Mayence la métropole du christianisme allemand, à Cologne une seconde Rome, à Fulde une école fameuse, parvenu à un âge avancé à travers des périls et des fatigués sans nombre, ne pouvait cependant goûter aucun repos qu’il n’eût visité encore cette Frise endurcie où déjà une première fois, quarante ans auparavant, son zèle et son génie avaient rencontré une résistance invincible. Après avoir résigné l’archevêché de Mayence à l’un de ses disciples, il part en simple missionnaire pour les bois et les marais de la Frise païenne. Le martyre l’y attendait. Sourd à cette éloquence merveilleuse qui avait converti les multitudes et porté la lumière de l’Évangile aux plus épaisses ténèbres de la Germanie, révolté à la pen-