Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gneur frison du nom de Gerlof, que l’on tenait pour issu de Witikind. C’est à son fils Théodore ou Théodoric que Louis le Germanique cède, en l’an 863, pour lui et ses héritiers, la vaste forêt de Waasda. Un peu plus tard, vers 922, Charles le Simple ajoute à ces domaines, en faveur d’un petit-fils de Théodoric, l’abbaye d’Egmont. À partir de ce Théodoric ou Dirk, que les chroniqueurs hollandais appellent Dirk Ier la ligne de succession des comtes souverains de la Hollande, qui s’intitulent aussi marquis et comtes de Frise, est ininterrompue pendant près de quatre siècles. Toutefois, leur histoire est peu authentique. On n’y trouve d’ailleurs autre chose que le récit de leurs guerres particulières contre leurs voisins, les comtes de Flandre, de Brabant, de Gueldre, l’évêque d’Utrecht : récits monotones, dont le seul intérêt véritable est de nous faire connaître, de nous montrer constamment l’instinct de séparation, d’isolement jaloux, propre à ces peuples, que l’ascendant de Rome païenne ou chrétienne n’a pu ni assouplir ni constituer à son image.

C’est seulement au temps de la seconde croisade que l’on voit, pour la première fois, les Frisons, auxquels depuis la conquête des Normans se sont mêlés un grand nombre de Saxons expulsés de la Grande-Bretagne, associés au mouvement général qui pousse vers l’Orient les peuples de la république chrétienne. Alors reparaissent en eux ces « gents belliqueux, sévères et hauts à la mains », duroœ gentis Frisonis, ces hommes d’entreprise,