Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/29

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temps la richesse paraît ; avec la richesse une puissance nouvelle qui peut entrer en lutte avec les souverainetés féodales. Contraints de s’endetter pour subvenir aux frais des expéditions d’outre-mer, longtemps absents de leurs domaines, les grands vassaux subissaient à leur tour le sort des empereurs l’autorité s’affaiblit dans leurs mains. Pour obtenir de l’argent, ils se voient forcés de céder aux villes, enrichies par ces mêmes guerres où ils s’appauvrissaient, des exemptions, des immunités, des privilèges ils accordent ou se laissent arracher des chartes.

À ce grand mot de charte, nous sentons le régime féodal blessé à mort. Le régime communal est né. Il grandit quelque temps dans l’ombre il transforme insensiblement, sans qu’elle en ait conscience, la société. Plus qu’à toute autre, il imprime à l’histoire des peuples qui nous occupent un caractère dominant, profond, qui ne s’effacera plus.

Quelques nations européennes ont précédé les Pays-Bas dans l’établissement des communes ; chez aucune l’esprit communal n’est entré aussi avant dans les mœurs. Nulle part il n’a paru aussi essentiel, aussi conforme à la nature des choses. Le travail en commun dans le danger commun, c’était là, en raison de circonstances géographiques impossibles à changer, une condition primitive et permanente de la vie sur le sol hollandais. L’association des forces et le mutuel secours étaient impérieusement commandés par la présence de l’ennemi