Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/456

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tristesse et la maladie envahirent sa constitution robuste. Il ne renouvela pas sa gloire envieillie[1]. Il mourut, atteint dans l’orgueil de sa maison par la prise de Bréda, inquiet pour la perpétuité de sa race[2] assombri par le déclin rapide de sa popularité et sans avoir conquis dans la postérité la place qu’il s’y était marquée par sa noble devise[3]. Moins heureux que le Taciturne, bien qu’il ait échappé au poignard des assassins et qu’il emporte en mourant les bénédictions de l’Église, qui lui promet auprès de Jésus-Christ la gloire céleste[4], malgré le retentissement de ses armes, ses hautes capacités, son patriotisme, Maurice de Nassau n’égale point son père, dont il n’a pas hérité la bonté héroïque. Rude, railleur, cynique en ses mœurs et en son esprit, le fils d’Anne de Saxe ne connut jamais cette douceur, cette générosité d’âme qui valurent à Guillaume d’Orange le surnom de père du peuple. C’est en vain que le génie de la guerre proclame les talents du capitaine ; c’est en vain que la religion et la raison

  1. Du MAURIER.
  2. Le prince d’Orange n’avait que des enfants naturels. Sentant sa fin venir, il hâta. le mariage de son frère avec la comtesse de Solms, pour assurer l’hérédité dans la branche aînée de Nassau.
  3. « Pour faire connaître le désir passionné qu’il avait de suivre les traces glorieuses de son père, le prince Maurice d’Orange prit pour le corps de sa devise le tronc d’un arbre coupé à deux pieds de haut, duquel sortait un scion vigoureux avec ces mots : Tandem fit surculus arbor. » (Du MAURIER.)
  4. Expression du ministre Bogerman dans un écrit sur la mort du prince Maurice, qu’il avait assisté à ses derniers moments.