Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/49

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tive et judiciaires, aux décisions d’un conseil d’État qu’il établit à Bruxelles sous la présidence du souverain ; il leva incessamment des taxes nouvelles. Enfin, sentant l’affinité secrète de l’esprit républicain qui lui résistait avec le levain de la Réforme qui commençait à fermenter, il fit publier aux Pays-Bas la bulle du pape qui condamnait les opinions de Luther ; il rendit, sans l’assentiment des états, en septembre 1880, un édit rigoureux qui, résumant tous les édits précédents, condamnait à la confiscation des biens, à la mort « par le fer, la fosse ou le feu, tous les hérétiques. »

La Réforme, qui entra si vite et si avant dans les Pays-Bas, eut cela de particulier dans les provinces du Nord qu’elle s’y confondit aussitôt avec le patriotisme, dont elle reçut et à qui elle communiqua ensemble une ardeur nouvelle. Les peuples bataves étaient mieux préparés que beaucoup d’autres à recevoir ce que le catholicisme appela si faussement les nouveautés du protestantisme. Dès l’origine de la prédication chrétienne, on avait eu aux Pays-Bas très-peu de souci de la volonté des papes. Les évêques d’Utrecht furent presque tous gibelins. De tout temps, l’esprit de secte, qui n’est que l’esprit d’indépendance et d’individualité appliqué aux choses de l’Église, avait trouvé dans la Hollande un accès facile. La liberté de conscience y paraissait une suite nécessaire de la liberté du commerce ; la diversité des opinions religieuses n’y semblait pas plus étrange que la diversité des constitutions politiques. Dès