Page:Aimard, Auriac - Jim l’Indien.djvu/99

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son étourderie, il n’avait réussi qu’à casser plusieurs pièces de porcelaine, et à faire rouler entre les jambes des chevaux quelques pots de confiture : il se résigna donc, en riant, à abandonner cette tâche à des mains plus prudentes ou plus adroites.

Maggie l’observait avec étonnement : son esprit doux et sérieux ne pouvait comprendre une telle légèreté.

— Votre indifférence me confond, lui dit-elle ; surtout après votre aventure que Maria m’a racontée.

— Ah ! ou-i vrai-ment ! murmura l’artiste, en distillant la fumée avec symétrie par les deux coins de sa bouche ; écoutez, j’en ai fait un dessin capital ! J’ai quelque intention de l’envoyer à Harper… mais c’est trop beau pour lui. De ma vie, je n’avais eu un sujet dont la pose soit d’une docilité plus parfaite. Ah ! mais oui ! il posait comme un demi-dieu, cet Indien mort !

— Et si Christian Jim ne s’était pas trouvé là ?…

— Ma foi ! je conviens qu’il m’a rendu un fâmeux service, je me réjouis d’en convenir ; j’aimerais le récompenser magnifiquement pour cela.