Page:Alembert - Traité de dynamique (1758).djvu/59

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jusqu’ici de la conservation du mouvement, n’ont point le degré d’évidence nécessaire pour convaincre l’esprit ; elles sont presque toutes fondées, ou sur une force qu’on imagine dans la matiere, par laquelle elle résiste à tout changement d’état, ou sur l’indifférence de la matiere au mouvement comme au repos. Le premier de ces deux, Principes, outre qu’il suppose dans la matiere un Etre dont on n’a point d’idée nette, ne peut suffire pour prouver la Loi dont il est question. Car quand un Corps se meut, même uniformément, le mouvement qu’il a dans un instant quelconque, est distingué & comme isolé du mouvement qu’il a eu ou qu’il aura dans les instans précédens ou suivans. Le Corps est donc en quelque maniere à chaque instant dans un nouvel état, dans un état qui n’a rien de commun avec le précédent ; il ne fait, pour ainsi dire, continuellement que commencer à se mouvoir, & on pourrait croire qu’il tendrait sans cesse à retomber dans le repos, si la même cause qui l’en a tiré d’abord, ne continuoit en quelque sorte à l’en tirer toujours.

A l’égard de l’indifférence de la matiere au Mouvement ou au repos, tout ce que ce Principe présente, ce me semble, de bien distinct : à l’esprit, c’est qu’il n’est pas essentiel à la matiere de se mouvoir toujours, ni d’être toujours en repos ; mais s’ensuit-il clairement de là qu’un Corps en Mouvement ne puisse tendre continuellement au repos ? Ce n’est pas que le repos lui soit plus essentiel que le Mouvement ; mais on pourroit penser