Page:Alexis de Tocqueville - L'Ancien Régime et la Révolution, Lévy, 1866.djvu/193

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destruction des douanes intérieures  ; la multiplication des écoles privées : il en faut une, suivant lui, dans chaque paroisse, et qu’elle soit gratuite ; des établissements laïques de bienfaisance dans toutes les campagnes, tels que des bureaux et des ateliers de charité  ; toutes sortes d’encouragements pour l’agriculture.

Dans la politique proprement dite, il proclame, plus haut que personne, que la nation a le droit imprescriptible et inaliénable de s’assembler pour faire des lois et voter librement l’impôt. Nul Français, assure-t-il, ne peut être forcé à payer une taxe qu’il n’a pas votée lui-même ou par représentant. Le clergé demande encore que les États-généraux, librement élus, soient réunis tous les ans  ; qu’ils discutent en présence de la nation toutes les grandes affaires  ; qu’ils fassent des lois générales auxquelles on ne puisse opposer aucun usage ou privilège particulier ; qu’ils dressent le budget et contrôlent jusqu’à la maison du roi, que leurs députés soient inviolables et que les ministres leur demeurent toujours responsables. Il veut aussi que des assemblées d’États soient créées dans toutes les provinces et des municipalités dans toutes les villes. Du droit divin, pas le moindre mot.

Je ne sais si, à tout prendre, et malgré les vices éclatants de quelques-uns de ses membres, il y eut jamais dans le monde un clergé plus remarquable que le clergé catholique de France au moment où la Révolution l’a surpris, plus éclairé, plus national, moins retranché dans les seules vertus privées, mieux pourvu