Page:Alexis de Tocqueville - L'Ancien Régime et la Révolution, Lévy, 1866.djvu/344

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voyageurs ; et elle n’a pas tort, car Arthur Young, parcourant le pays dix ans après, met sur ses notes : « Languedoc, pays d’États ! bonnes routes, faites sans corvées. »

Si le roi veut bien le permettre, continue le Mémoire, les États n’en resteront pas là ; ils entreprendront d’améliorer les chemins des communautés (chemins vicinaux), qui ne sont pas moins intéressants que les autres. « Car, si les denrées, remarque-t-on, ne peuvent sortir des greniers du propriétaire pour aller au marché, qu’importe qu’elles puissent être transportées au loin ? » — « La doctrine des États en matière de travaux publics, a toujours été, ajoute-t-on encore, que ce n’est pas à la grandeur des travaux, mais à leur utilité, qu’on doit regarder. » Des rivières, des canaux, des chemins qui donnent à tous les produits du sol et de l’industrie de la valeur, en permettant de les transporter, en tout temps et à peu de frais, partout où il en est besoin, et au moyen desquels le commerce peut percer toutes les parties de la province, enrichissent le pays, quoi qu’ils lui coûtent. De plus, de pareils travaux entrepris à la fois avec mesure dans différentes parties du territoire, d’une façon à peu près égale, soutiennent partout le prix des salaires et viennent au secours des pauvres. « Le roi n’a pas besoin d’établir à ses frais dans le Languedoc des ateliers de charité, comme il l’a fait dans le reste de la France, dit en terminant la province avec quelque orgueil. Nous ne réclamons point cette faveur ; les travaux d’utilité que nous entreprenons nous-mêmes