Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/30

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venir les effets de la haine générale qu’il sent avoir méritée. C’est pourquoi il a coutume de punir avec la plus grande cruauté la plus petite tentative de ses sujets contre cette autorité, qu’il sait lui-même être excessive, et il ne la punit pas seulement quand elle a été exécutée en entreprise, mais quand il suppose ou qu’il feint de croire qu’une tentative a seulement été conçue.

L’existence réelle de ces deux espèces de peur n’est pas difficile à démontrer ; et quant à celle des sujets, que chacun de nous examine ce qui se passe en lui, et personne certainement n’en doutera. Quant à celle des tyrans, les nombreux et les divers satellites qui jour et nuit les servent et les défendent, ne laissent aucun doute sur la réalité.

En admettant cette peur réciproque, qu’on ne peut nier, examinons quels doivent être les hommes qui tremblent toujours, et en premier lieu parlons de celle des sujets, c’est-à-dire, de la nôtre, que nous devons bien connaître ; nous parlerons ensuite de celle des tyrans, par conjecture. Choisissons sous la tyrannie et examinons ce petit nombre d’hommes à qui