Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/50

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autorité ; les républiques les plus vertueuses et les plus libres ont cela de commun avec la tyrannie, toutefois cependant combien cette autorité également désirée est différente, et combien les moyens pour l’obtenir se ressemblent peu ! combien les effets qui en résultent sont dissemblables ! Chacun peut le voir par lui-même.

On parvient, sous la tyrannie, à une autorité absolue, en se rendant agréable au tyran, en secondant toutes ses vues, et en lui ressemblant tout-à-fait. Un peuple libre n’accorde jamais une autorité passagère et limitée, si ce n’est à une vertu éprouvée, à des services importans rendus à la patrie, à l’amour du bien public, enfin, prouvés par des faits. La société ne peut vouloir que le bien et l’utilité de tous, elle ne veut récompenser que ceux qui lui procurent ces biens. Il est vrai néanmoins qu’elle peut être trompée quelquefois, mais son erreur n’est pas longue, et les moyens de la corriger sont toujours en son pouvoir. Le tyran, qui est seul contre tous, a toujours un intérêt non-seulement différent, mais le plus souvent directement opposé à l’intérêt de tous : il doit donc récompenser ce qui est utile à lui ; et au lieu de récompenser, il doit