Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/55

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ce qu’ils firent. Sully eut-il jamais la vertu et le courage de se servir d’une telle faveur pour forcer, par l’évidence tirée d’argumens et de raisonnemens invincibles, ce bon roi à élever au-dessus de lui, et de ses successeurs, des lois permanentes et libres ! et s’il en eût eu le courage, est-il à présumer qu’il aurait conservé la faveur d’Henri ? La faveur donc d’un tyran, même bon, ne peut pas absolument s’acquérir, de la part du sujet, par la voie d’une véritable vertu politique, et elle peut encore moins par ce moyen s’accroître et se conserver.

Examinons maintenant, en premier lieu, les sources de l’autorité. Dans les républiques, les moyens de l’obtenir sont de les défendre, de les honorer, d’en accroître l’empire et la gloire ; d’en assurer la liberté lorsque cette liberté est sans tache, de remédier aux abus, ou, au moins, de le tenter, si elles sont corrompues, de leur dire enfin toujours la vérité, lors même que cette vérité peut paraître odieuse et offensante.

Les moyens d’obtenir quelque autorité de la part du tyran, sont de le défendre, mais plus encore de ses propres sujets que de ses ennemis extérieurs, de le flagorner, de diviniser ses défauts, d’accroître son