Page:Allais - À l’œil.djvu/167

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On n’a pas idée de ce que le temps passe vite, place de la Nation, dans la semaine de Pâques. Déjà cinq heures.

Léon pâlit. Cinq heures !

— Moi qui ai donné rendez-vous à Miarka, à cinq heures !

— Eh bien ! te voilà joli !

Pour adoucir la grande fureur probable de Miarka, Léon achète le plus grand mirliton qu’il peut trouver et un petit cochon sur lequel il fait écrire, en lettres de sucre rose, le nom de sa maîtresse.

Il n’était pas loin de six heures quand nous arrivâmes.

Miarka, nerveusement, feuilletait les journaux illustrés.

Quand Léon entra, elle se leva toute droite :

— C’est à cette heure-là que tu arrives, toi ?

— Ma chérie, je vais te dire…

Et Léon, pour désarmer Miarka, lui offrit le cochon de pain d’épice ; mais elle prit mal la plaisanterie.

— En fait de cochon, j’ai assez de toi !

Et, saisissant le petit pachyderme forain, elle le projeta violemment à la face de Léon.

En ce moment, l’œil noir, la narine frémissante, la bouche mauvaise, elle ressemblait tout à fait à Milady. Léon eut la même idée que