Page:Allais - À l’œil.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Non, mes amis, un pardessus !…

La joie que nous éprouvâmes à la vue de ce vêtement tint du délire épileptiforme.

Et nous ne savions pas ce que nous devions le plus admirer en ce chef-d’œuvre, ou sa forme, ou sa couleur.

Inénarrable, sa forme ! Gauchement taillé, godant par ci, tirant par là, remontant dans le cou. Et les manches ! Et les poches ! Et les boutons !

Mais ce qui nous mettait le plus en gaîté, c’était encore sa couleur.

Imaginez que, dans une forêt vierge du Brésil, on tue une grande quantité de perroquets, parmi les plus verts des perroquets du Brésil, et que, de leur plumage, on tisse une étoffe, vous pourrez vous imaginer la couleur du fameux pardessus.

Immédiatement, nous baptisâmes notre professeur Vert-Vert, et un spirituel loustic de la classe poussa un : As-tu déjeuné, ma petite cocotte ? des plus comiques.

Le pauvre Vert-Vert devint plus triste encore que de coutume, et il me sembla bien que deux larmes lui perlèrent aux yeux.

Le fameux pardessus nous amusa une grande semaine, et puis, un beau matin, Vert-Vert, sans doute dégoûté de sa pelure, nous arriva