Page:Allais - À l’œil.djvu/80

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— Mais oui, mais oui.

La brave femme, un peu rassurée, rhabilla son petit, mit sur le coin de la table trois francs, trois pauvres et pénibles francs (deux pièces de vingt sous, une pièce de dix sous et dix sous de sous) et se retira, salua bas l’homme de l’art.

Son enfant, c’était tout pour elle. Il lui était venu sur le tard, car elle avait plus de quarante ans, et on ne sait trop comment. Mais dès qu’il naquit, il fut l’objet d’une telle idolâtrie, que les voisins prétendirent que Césarine, la mère, était folle.

Elle s’en défendait faiblement.

— Il n’a pas de père le pauvre petit, faut ben que j’l’aime pour deux.

Au commencement, il avait bien poussé. Et puis, au bout d’un an, voilà qu’il maigrissait et que sa croissance s’arrêtait.

Sa figure pâle, mangée par deux grands yeux noirs faisait peine à voir.

Césarine ne dormait plus, ne vivait plus.

La seule idée que son enfant pouvait mourir lui causait une si terrible angoisse qu’elle ne s’y arrêtait pas. Non, répétait-elle, le bon Dieu ne serait plus le bon Dieu.

Les dernières paroles du docteur lui avaient remis un peu de baume dans le cœur.

Des bains d’eau de mer ! Si pourtant ça allait