Page:Allais - À l’œil.djvu/82

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bandoulière, un vieux douanier à moustache grise, le type du gabelou impitoyable.

— Qu’est-ce que vous emportez dans vos seaux ?

— C’est de l’eau.

— De l’eau de mer ?

— Bédame !

— Eh bien ! il faut la jeter.

— La jeter !… Mais c’est pour des bains à mon petit qu’est malade.

— Il n’y a pas de bains, il n’y a pas de petit !… Vous n’avez pas le droit d’emporter de l’eau de mer.

D’abord, Césarine crut que le gabelou plaisantait. Elle rit, pas de très bon cœur, car elle pensait à son enfant :

— On n’a pas le dreit de prendre de l’eau à la  ?

— Non, madame, la loi s’y oppose.

Et il prononça ce mot la Loi sur un ton si solennel, que Césarine comprit qu’il ne riait pas.

Elle discuta.

— Mais la est à tout le monde, pourtant !

— Vous n’avez pas le droit de prendre de l’eau à la mer !

Césarine s’indigna.

— C’est trop fort, maintenant, si le monde