Page:Allais - Le Boomerang.djvu/224

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patiemment. J’ai voulu voir si tu irais jusqu’au bout. À force d’énergie et d’empire sur moi-même, j’ai réussi à faire taire en moi ce vieux fonds d’incoercible honneur qu’y ont déposé par hérédité plusieurs siècles de sévère éducation… Hé bien ! il s’est passé quelque chose d’assez curieux avec ce vieux fonds d’incoercible honneur : il s’est tu, étrangement… L’aurai-je définitivement étouffé ?… Par les époques troublées que nous traversons, la chose est possible…

Il réfléchit une minute :

— Probable même !

— À tout à l’heure, Népo !

— Tu ne m’embrasses pas, Marie-Blanche ?

— Pas avant de m’être réhabilitée.

— Va, va, créature de tristesse, va-t-en à ta tâche de dévouement silencieux !

La créature de tristesse dégringolait déjà l’escalier, légère comme l’oiselle, sûre de son charme tout puissant, irrésistible, victorieux.