Page:Allais - Le Boomerang.djvu/228

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Elle a sa morale à elle, morale assez différente de celle de ce vieux bandit de saint Vincent de Paule, morale dans laquelle l’Individu se trouve impitoyablement sacrifié, pour le plus grand profit de l’espèce.

Comme toutes les morales, celle de la nature s’accompagne de diverses sanctions dont la plus employée est ce que nous appellerons la mort sans phrase.

Quand un animal, pour une raison ou pour une autre, gêne les desseins de la nature, ah ! je vous prie de croire que cela ne traîne pas : le pauvre être a bientôt fait d’être boulotté, comme dit M. Alphonse Milne-Edwards, par plus fort que lui.

Capricieuse, comme c’est le droit d’une aussi jolie personne, des fois la nature s’amuse à faire des blagues à qui essaye de contrecarrer sa norme.

C’est ainsi qu’elle ressent le plus vif plaisir à ce que les faux amoureux, les inanes séducteurs, les secs godelureaux, se laissent prendre le cœur dans l’engrenage, j’ose m’exprimer ainsi, de leurs propres embûches.