Page:Allais - Le Boomerang.djvu/61

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tôt débuté que voilà que je perds ma voix !

— Pas de chance !

— Vous pouvez le dire, mon pauvre monsieur, vous pouvez le dire !

Le garçon de café, désignant sa gorge, imite le pénible manège des personnes aphones.

— Pas plus de voix que sur la main !… C’était gai !… Ah ! c’était gai !

— Et alors ?

— Alors, quoi ! qu’est-ce que j’ai fait ? J’ai fait ni une ni deux, j’ai repris mon tablier de garçon de café.

— Cette profession en vaut bien une autre.

— Vous trouvez, vous ?… Moi pas… Mais laissez-moi continuer… Il n’y avait pas huit jours que je servais des bocks et des mazagrans que voilà ma voix qui revient ! Aussi belle qu’auparavant !… Ça vous épate ?

— Rien ne m’épate.

— Quand je vois mon organe revenu, qu’est-ce que je fais ? Je ne fais ni une ni deux, je plaque mon tablier et voilà que je retrouve un engagement.