Page:Allard - Des causes de l’infériorité de l’agriculture française.djvu/52

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sition nous est parfaitement connue, fumé avec la quantité d’engrais qui suffit ordinairement pour nourrir des récoltes abondantes, ne donnera rependant pas la quantité de produits que nous obtenons habituellement sur des terres qui ont reçu une pareille fumure, il se pourrait même que la récolte fût chétive, ce qui serait le cas surtout si l’alumine ou l’argile dominaient fortement dans ce sol.

Le secret d’un pareil mécompte, c’est qu’un sol, ne se dessaisit des engrais pour les abandonner aux suçoirs des plantes, que lorsqu’il en est saturé et qu’un large supplément peut être fourni aux plantes, qui atteignent alors un développement excessif.

La quantité nécessaire d’engrais, pour saturer un sol est ce que nous pouvons appeler la richesse essentielle, car tout appoint nouveau d’engrais sera distribué aux plantes. Cette richesse n’est pas la même partout, elle varie suivant les sols, leur composition. C’est ainsi que les terres meubles, siliceuses ou calcaires ont beaucoup plus que d’autres la faculté de céder les éléments fertilisants qu’elles renferment. Souvent elles ne demandent pour richesse essentielle, c’est-à-dire cette somme d’engrais dont on ne peut disposer, que le quart de ce qu’exigent certains sols où l’argile est le principe dominant. Ce fait est prouvé par les effets merveilleux que produit la chaux sur les sols argileux. Elle active la décomposition des engrais et paraît fertiliser le sol. Cela n’est pas tout à fait vrai ou plutôt la chaux si elle nourrit les plantes n’est pas seule capable de leur fournir cette végétation luxuriante. Elle agit surtout en permettant une assimilation plus prompte des engrais. Aussi, elle ne dispense pas de fumer. Sans fumier, la chaux enrichit le père et ruine les enfants.