Page:Allard - Des causes de l’infériorité de l’agriculture française.djvu/59

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d’agriculture. Ils y ont trouvé le compte rendu, relatif à certaines cultures, opérées après une mûre réflexion et une série d’expériences. L’exposé des magnifiques résultats que l’on était en droit d’espérer de ces opérations, n’y était pas non plus négligé. Ces personnes n’ont pas hésité à croire qu’elles obtiendraient tout d’abord le même succès, malgré leur inexpérience des choses de l’agriculture. Elles ont entrepris l’exploitation d’une grande ferme, mais bientôt sont survenues des difficultés nombreuses, et de divers ordres. Voulant hâter le moment de jouir de leurs conceptions, elles n’ont pas mis dans leur façon de procéder cette mûre réflexion qui accélère la réussite. De cette précipitation sont nés des mécomptes et de ceux-ci est né le dégoût.

Ces commerçants, attribuant à la nature ce qui n’était que l’effet de leur inexpérience, ont pris ainsi de l’aversion pour une profession si honorable, si difficile dans son application et dont ils n’ont pu connaître les avantages. Une perte en a entraîné une autre : en renonçant à leur entreprise, ces personnes ont dû faire le sacrifice de toutes leurs avances et souvent leurs successeurs leur ont fait payer jusqu’à la destruction des travaux qu’ils avaient le mieux combinés.

Ainsi, elles ont vu diminuer leurs ressources, au lieu de les voir augmenter, comme c’eût été le cas si l’expérience et la persévérance eussent présidé à leur entreprise.

On devra donc toujours bien mûrir son projet et ne pas commencer à la légère une entreprise agricole de quelque importance. Il faut tenir compte de toutes les circonstances heureuses ou fâcheuses que l’on doit rencontrer. On consultera les goûts que l’on a, la position où l’on est : l’état