Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/8

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qu’au temps où l’on écrivait à Rome l’histoire qui nous est parvenue, les Sabins, depuis longtemps soumis, ne guerroyaient plus et se livraient à l’agriculture. Ils passaient pour un peuple religieux et austère ; le caractère idéal d’un roi sabin c’était donc le respect des dieux, de la justice, et par suite des terres de ses voisins. On ne pouvait cependant supprimer de ce règne les conquêtes qui le remplissent et que la tradition attestait. On fut donc obligé de faire d’Ancus le personnage le plus invraisemblable de tous, le conquérant malgré lui.

Je doute du grand zèle qu’on lui prête pour la religion, car je vois que la tradition qui lui attribue plusieurs monuments d’utilité publique, une forteresse, des remparts, un pont, une prison, ne lui fait honneur d’aucun temple[1], et tandis qu’elle rapportait à l’impie Hostilius la fondation du temple de la Pâleur et de la Peur, l’augmentation de prêtres saliens, et sur ses vieux jours un accès de dévotion immodérée et superstitieuse,

  1. Tite Live (I, 33) dît seulement qu’après toutes ses guerres il agrandit le temple de Jupiter Feretrius. Comme ce temple, ainsi que je l’ai dit, était sur le Capitole, il ne pouvait avoir été bâti par Homulus, qui n’eut jamais le Capitole, et il ne peut guère avoir été augmenté, car il fut toujours très-petit ; j’accorderai, si l’on veut, qu’il fut l’œuvre d’Ancus, mais on avouera que c’est bien peu de chose pour un prince si religieux. Ou attribua aussi à Ancus Martius la fondation du premier temple de la Fortune qui fut à Roue. (Plut., de fort. Rom., 5.) J’ai reconnu, et j’y reviendrai, que ce culte pouvait être sabin d origine.