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HYMNE À LA RANCE (Extraits) par Eugène LISSILOUR (Eostik Traonien Ranz)


Ô Rance, dont je suis le fils incontesté,
Je veux être à la fois ton modeste poète.
Ma sœur, la sympathique et savante alouette
Peut te chanter le jour avec autorité.
Sorti des profondeurs de toute obscurité
La nuit me suffira. Mon corps est silhouette[1]

Rance des prés herbeux, des grèves, des vallées,
Libre, canalisée, ou maritime encor,
Rance, de la Nature à l’idéal décor,
Aux rives de chaos savamment profilées,
Rance des bateliers, des penseurs, des artistes,
Rance des villageois, des amants, des oiseaux,
Rance des goëmons, des herbiers, des roseaux,
Des pêcheurs, des chasseurs et des zoologistes,
Tu sembles tour à tour au passant de la nue,
Ruban, petit sentier, agréable chemin,
Voie antique du temps de quelque dieu romain,
Allée ultra moderne et splendide avenue ;
Parvis, où ton flot gris se fond dans la mer verte,
Où la mer se confond avec le même ciel.
Parvis d’un Paradis qui semble artificiel,
Où ton allégorie est à la porte ouverte.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
La Rance cesse enfin d’être canalisée…
Avant de remonter son cours capricieux,

  1. Lissilour est menuisier, et ne dispose que de ses nuits pour s’adonner à la poésie. — On ne peut nier le souffle, l’inspiration de cet
    autodidacte.