Page:Anatole France - Discours prononcé à l’inauguration de la statue d’Ernest Renan.djvu/34

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Renan suivait assidûment les séances consacrées à ce grand recueil épigraphique dont il était l’âme. Notre ami Armand Dayot rapporte que l’auteur des Origines du Christianisme et de tant de beaux livres disait parfois : « De tout ce que j’ai fait, c’est le Corpus que j’aime le mieux. »

« Je pourrais bien m’amuser un peu », écrivait-il dans la joie de sa tâche accomplie. Les amusements du beau soir de sa vie, ce furent ces livres profonds et charmants, ces dialogues, ces discours familiers, ces drames philosophiques, dans lesquels il exprimait avec grâce de fortes pensées, confiait à ses amis inconnus les craintes, les espérances, les doutes qui l’agitaient, exposait sa philosophie et confessait sa foi. En 1891, comme en 1848, il croyait fermement que l’avenir appartenait à la science et à la raison.

Sa philosophie morale était celle du parfait