Page:Anatole France - Discours prononcé à l’inauguration de la statue d’Ernest Renan.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

» Je suis née intelligente chez les Grecs heureux. Déjà, dans ma jeunesse, j’avais pénétré bien des lois de la vie, que le Dieu nouveau, qui m’a chassée, ne soupçonna jamais. Mais le monde alors était petit. Le soleil n’était pas plus grand que le Péloponèse et le ciel ne dépassait pas la pointe de ma lance. Je ne savais pas plus de géométrie qu’Euclide, ni plus de médecine qu’Hippocrate, ni plus d’astronomie qu’Aristarque de Samos. Ô savants modernes, vous m’avez fait voir au-delà du neigeux Olympe l’infini des univers, et dans chacune des poussières que foule ma sandale, l’infini des atomes, astres eux-mêmes soumis aux lois qui régissent les astres.

» Mes regards n’embrassaient que l’Attique et ses montagnes violettes où croît l’olivier. Je ne connaissais de barbares que les Perses et les Scythes. Les navires phé-