Page:Anatole France - L’Église et la République.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sition du Syllabus, portant que les papes peuvent aujourd’hui comme autrefois déposer les rois à leur gré et faire don à qui bon leur semble des nations et des royaumes. Comme Grégoire VII, Pie X peut et doit dire : « La Pierre a donné le diadème à Pierre et Pierre le donne à Rodolphe ».

L’évangile parle d’un péché mystérieux qui ne sera jamais pardonné, et les théologiens enseignent que ce crime irrémissible est le désespoir. L’Église se garde de le commettre : elle ne désespère jamais. Ne changeant point et voyant tout changer autour d’elle, elle attend patiemment que le bien succède au mal et que les peuples obscurcis par la science et la pensée reçoivent de nouveau la lumière de la Foi. Voici comme elle parle par la bouche du Gesù :

« Les États chrétiens ont cessé d’exister ; la société des hommes est redevenue païenne et ressemble à un corps d’argile qui attend le souffle divin. Mais avec l’aide de Dieu rien n’est impossible. Par la vision prophétique d’Ézéchiel nous savons qu’il anime les ossements blanchis. Les ossements blanchis, ce sont les pouvoirs politiques, les parlements, le suffrage universel, les mariages civils, les conseils municipaux. Quant aux universités, ce ne sont pas des os arides ; ce sont des os putrides, et grande est l’infection qui s’exhale de leurs enseignements corrupteurs et pestilentiels. Mais ces os peuvent être rappelés à la vie, s’ils entendent la parole de Dieu ; c’est-à-dire s’ils acceptent la loi divine qui leur sera