Page:Anatole France - Le Génie latin.djvu/108

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retournèrent à Lyon, leur séjour préféré. C’est probablement à cette époque qu’il fit jouer l’Étourdi, sa première pièce. L’Étourdi attira les spectateurs, et la recette fut bonne, si l’on en croit le sieur d’Assoucy, qui partagea l’aubaine et ne put se résoudre à quitter les comédiens qui le défrayaient. Quand ils partirent pour Avignon, l’empereur du burlesque s’embarqua sur le Rhône avec eux et leur paya son écot en bouffonneries. « Comme un homme, dit-il, n’est jamais pauvre tant qu’il a des amis, ayant Molière pour estimateur et toute la maison des Béjart pour amie, en dépit du diable,… je me vis plus riche et plus content que jamais[1]. »

La troupe jouait à Avignon, quand elle reçut l’ordre de se rendre aux États convoqués par le prince de Conti pour la session qui s’ouvrit le 4 novembre 1655, à Pézenas.

Le prince et la princesse de Conti logeaient dans l’hôtel de M. d’Alfonce, grand prévôt de Guyenne, où l’on avait dressé le théâtre. « Les évêques de Béziers, d’Uzers et de Saint-Pons, en rochet et camail, les barons de Castries, de Villeneuve et de Lanta, députés par les États pour complimenter S. A. R. le prince de Conti, se rendirent à l’hôtel de M. d’Alfonce, où logeoit ledit seigneur. Le prince de Conti les reçut à la porte du vestibule qui regarde la cour et, après les avoir fait entrer, leur dit qu’il étoit forcé de les recevoir en cet endroit, parce que la chambre étoit

  1. Les Aventures de Monsieur d’Assoucy, 1677, 1.1, ch. ix, p. 315.