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LE JARDIN D’ÉPICURE

Et la terre continuera de rouler, emportant à travers les espaces silencieux les cendres de l’humanité, les poèmes d’Homère et les augustes débris des marbres grecs, attachés à ses flancs glacés. Et aucune pensée ne s’élancera plus vers l’infini, du sein de ce globe où l’âme a tant osé, au moins aucune pensée d’homme. Car qui peut dire si alors une autre pensée ne prendra pas conscience d’elle-même et si ce tombeau où nous dormirons tous ne sera pas le berceau d’une âme nouvelle ? De quelle âme, je ne sais. De l’âme de l’insecte, peut-être.

À côté de l’homme, malgré l’homme, les insectes, les abeilles, par exemple, et les fourmis ont déjà fait des merveilles. Il est vrai que les fourmis et les abeilles