Page:Anatole France - Le Jardin d’Épicure.djvu/45

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vase sur un plateau. On vient de laver l’enfant, et le bassin de cuivre est encore au milieu de la chambre. Maintenant la petite Marie boit le lait d’une belle nourrice. C’est une dame de la ville, une jeune mère qui a voulu gracieusement offrir le sein à l’enfant de son amie, afin que cet enfant et le sien, ayant bu la vie aux mêmes sources, en gardent le même goût et, par la force de leur sang, s’aiment fraternellement. Près d’elle, une jeune femme qui lui ressemble, ou plutôt une jeune fille, sa sœur peut-être, richement vêtue, le front découvert et portant des nattes sur les tempes comme Émilia Pia, étend les deux bras vers le petit enfant, avec un geste charmant où se trahit l’éveil de l’instinct maternel. Deux nobles visi-