Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/150

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— Après une attente congrue dans des salons consécutifs, j’ai été admis à lui baiser la main.

Et il se tut.

Madame Martin impatientée demanda :

— Enfin qu’est-ce qu’elle vous a dit, cette princesse admirable de noblesse et de simplicité ?

— Elle m’a dit : « Avez-vous visité Florence ? On m’assure qu’il s’y est ouvert depuis peu de très beaux magasins, qui sont éclairés le soir. » Elle m’a dit encore : « Nous avons ici un bon pharmacien. Ceux d’Autriche ne sont pas meilleurs. Il m’a posé à la jambe, voilà six semaines, un emplâtre qui n’est pas encore tombé. » Telles sont les paroles que Marie-Thérèse daigna m’adresser. Ô simple grandeur ! ô vertu chrétienne ! ô fille de saint Louis ! ô merveilleux écho de votre voix, très sainte Élisabeth de Hongrie !

Madame Martin sourit. Elle pensait que Choulette se moquait. Mais il s’en défendit, indigné. Et miss Bell donna tort à son amie. C’était disait-elle, un penchant des Français de toujours croire qu’on plaisante.

Puis on revint aux idées d’art qui, dans ce pays, se respirent avec l’air.

— Pour moi, dit la comtesse Martin, je ne suis pas assez savante pour admirer Giotto et son école. Ce qui me frappe, c’est la sensualité