Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/211

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Elle eut peur et poussa un cri. Elle l’appela. Mais il ne tourna pas la tête et ne répondit pas. Il fuyait avec une tranquillité effrayante. Elle courut après lui. Les pieds froissés par les cailloux, sa jupe alourdie d’eau, elle le rejoignit, le tira vivement à elle :

— Qu’est-ce que vous alliez faire ?

Alors, la regardant, il vit dans ses yeux la peur qu’elle avait eue, et il lui dit :

— Ne craignez rien. J’allais sans voir. Je vous assure que je ne cherchais pas à mourir. Oh ! soyez tranquille. Je suis désespéré, mais je suis très calme. Je vous fuyais. Je vous demande pardon. Mais je ne pouvais plus, non, je ne pouvais plus vous voir. Laissez-moi, je vous en supplie. Adieu !

Elle répondit, troublée et faible :

— Venez ! Nous ferons ce que nous pourrons.

Il restait sombre et ne parlait pas.

Elle répéta :

— Allons, venez !

Elle lui prit le bras. La vive douceur de cette main le ranima. Il lui dit :

— Vous voulez bien ?

— Je ne veux pas vous perdre.

— Vous me promettez ? …

— Il faut bien.

Et, dans son inquiétude et son angoisse, elle