Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/245

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— Tu mens.

— Oui, je mens. Et je ne mens pas bien. Je voulais gâter notre passé. J’avais tort. Il est ce que vous savez. Mais…

— Mais ?…

— Ah ! cela ! je vous l’ai toujours dit : je ne suis pas sûre. Il y a des femmes, à ce qu’on dit, qui peuvent répondre d’elles. Je vous ai averti que je n’étais pas comme elles, et que je ne répondais pas de moi.

Il donna de la tête à droite et à gauche, comme une bête qu’on irrite et qui hésite encore à foncer.

— Qu’est-ce que tu veux dire ? Je ne comprends pas. Je ne comprends rien. Parle clairement… clairement, entends-tu ? Il y a quelque chose entre nous. Je ne sais pas quoi. Je veux le savoir. Qu’est-ce qu’il y a ?

— Je vous le dis, mon ami, il y a que je ne suis pas une femme sûre d’elle-même, et que vous ne deviez pas compter sur moi. Non ! vous ne le deviez pas. Je n’avais rien promis… Et puis, si j’avais promis, qu’est-ce que des paroles ?

— Tu ne m’aimes plus. Oh ! tu ne m’aimes plus, je le vois bien. Mais, tant pis pour toi ! moi, je t’aime. Il ne fallait pas te donner. N’espère pas te reprendre. Je t’aime et je te garde… Alors, tu croyais te tirer d’affaire tout tranquillement ? Écoute-moi un peu. Tu as tout fait pour