Page:Anatole France - Les Opinions de Jérôme Coignard.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

courtil. Si ç’avait été une créature humaine, on l’aurait mise en terre sainte. Quand le diable fait un enfanta une femme, il le fait en forme d’animal.

— Ma bonne femme, lui répondit M. l’abbé Coignard, il est merveilleux qu’une villageoise en sache sur le diable plus long qu’un docteur en théologie et j’admire que vous vous en rapportiez à la matrone d’Anneau sur le point de savoir si tel fruit d’une femme appartient ou non à l’humanité rachetée par le sang de Dieu. Croyez-m’en : ces diableries ne sont que de sales imaginations dont vous devez nettoyer votre esprit. On ne lit point dans les Pères que le diable fasse des enfants aux filles. Toutes ces histoires de fornications sataniques sont des rêveries dégoûtantes, et c’est une honte que des jésuites et des dominicains en aient fait des traités.

— Vous parlez bien, l’abbé, dit M. Nicolas Cerise, en piquant une saucisse dans le plat. Mais vous ne répondez point à ce que je disais, que les enfants qui naissent sans tête