Page:Anatole France - Les Opinions de Jérôme Coignard.djvu/113

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moi, qui n’ai nul goût à charger la religion de subtilités symboliques, je croirais volontiers que la joie de manger des œufs, dont on a été privé durant le carême, est la seule cause qui les fait paraître en ce jour sur les tables avec honneur et vêtus de la pourpre royale. Mais il n’importe, et ce ne sont là que des bagatelles dont s’amusent les esprits érudits et les bibliothécaires. Ce qu’il y a de considérable dans vos propos, monsieur Nicolas Cerise, c’est que vous opposez la nature à la religion et que vous les voulez faire ennemies l’une de l’autre. Impiété, monsieur Nicolas Cerise, si horrible que ce bonhomme de rôtisseur lui-même en a frémi sans la comprendre ! Mais je n’en suis point troublé, et de tels arguments ne peuvent séduire une minute un esprit qui sait se diriger.

» En effet, vous avez procédé, monsieur Nicolas Cerise, par cette voie rationnelle et scientifique, qui n’est qu’une étroite, courte et sale impasse, au fond de laquelle on se