Page:Anatole France - Les Opinions de Jérôme Coignard.djvu/198

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prélats et s’il a prononcé ce panégyrique de saint Maclou, dont l’exorde, relatif à la guérison des écrouelles par le roi de France, a paru noble, vouliez-vous que la compagnie l’écartât pour cette seule raison qu’il a un neveu aussi puissant qu’aimable ? C’eût été montrer une vertu barbare et punir avec inhumanité M. de Séez des grandeurs de sa famille. La Compagnie a voulu les oublier. Cela seul, mon fils, est assez magnanime.

J’osai répliquer à ce discours, tant le feu de la jeunesse m’avait donné d’emportement.

— Monsieur l’abbé, dis-je, souffrez que mon sentiment résiste à vos raisons. Tout le monde sait que M. de Séez n’est considérable que par la facilité du caractère et qu’on admire seulement en lui l’art de glisser entre les partis. On l’a vu se couler doucement entre les jésuites et les jansénistes et colorer sa pâle prudence des roses de la charité chrétienne. Il croit avoir assez