Page:Anatole France - Les Opinions de Jérôme Coignard.djvu/200

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ignorant. L’immortalité qu’on vient de décerner à M. de Séez ne veut ni un Bossuet ni un Belzunce ; elle n’est point gravée dans le cœur des peuples étonnés ; elle est inscrite sur un gros registre, et vous entendez bien que ces lauriers de papier ne vont pas qu’à des têtes héroïques.

» S’il se rencontre, parmi les Quarante, des personnes de plus de politesse que de génie, quel mal y voyez-vous ? La médiocrité triomphe à l’Académie. Où ne triomphe-t-elle pas ? La voyez-vous moins puissante dans les Parlements et dans les Conseils de la Couronne, où, sans doute, elle est moins à sa place ? Faut-il donc être un homme rare pour travailler à un dictionnaire qui veut régler l’usage et qui ne peut que le suivre ?

» Les académistes ou académiciens furent institués, vous le savez, pour fixer le bel usage en ce qui regarde le discours, pour purger le langage de toute antique et populaire impureté et pour que ne reparût