Page:Anatole France - Les Opinions de Jérôme Coignard.djvu/212

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pour être beaucoup épouvanté de l’éclat de vos forfaits, et de vos attentats qui font plus de bruit que de mal.

— L’abbé, vous êtes immoral.

— Ne m’en blâmez pas trop sévèrement, monsieur Rockstrong, si c’est seulement à ce prix qu’on peut être indulgent.

— Je n’ai que faire, mon gros abbé, d’une indulgence que vous partagez entre moi, qui suis une victime, et les scélérats du Parlement qui m’ont condamné avec une révoltante injustice.

— Vous êtes plaisant, monsieur Rockstrong, de parler de l’injustice des lords !

— N’est-elle point criante ?

— Il est vrai, monsieur Rockstrong, que vous fûtes condamné sur un réquisitoire ridicule du lord chancelier, pour une collection de libelles dont aucun, en particulier, ne tombait sous le coup des lois de l’Angleterre ; il est vrai que, dans un pays où l’on peut tout écrire, vous fûtes puni pour quelques écrits pleins de sel ; il est vrai que