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sorte de plan qu’on perd et qu’on retrouve, comme les ruines de ces temples à demi ensevelis dans le sable. Cela seul serait pour moi d’un prix inestimable. Et je me flatte encore que l’histoire, à l’avenir, formée de matériaux abondants et traitée avec méthode, rivalisera d’exactitude avec les sciences naturelles.

— Pour cela, dit mon bon maître, n’y comptez point. Je croirais plutôt que l’abondance croissante des mémoires, correspondances et papiers d’archives rendra la tâche difficile aux historiens futurs. M. Elward, qui consacre sa vie à étudier la révolution d’Angleterre, assure que la vie d’un homme ne suffirait pas à lire la moitié de ce qui fut écrit pendant les troubles. Il me souvient d’un conte que M. l’abbé Blanchet me fit à ce sujet, et que je vais vous dire tel qu’il se retrouvera dans ma mémoire, regrettant que M. l’abbé Blanchet ne soit pas ici pour le conter lui-même, car il a de l’esprit.