Page:Anatole France - Les Opinions de Jérôme Coignard.djvu/252

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s’accommoder, comme fait cet abbé, de l’immoralité, qui est la fin d’un pays, car les peuples ne subsistent que par la pureté des mœurs !

— Il est vrai, monsieur, répondit mon bon maître, que les peuples ne sont forts que lorsqu’ils ont des mœurs ; mais cela s’entend de la communauté des maximes, des sentiments et des passions, et d’une sorte d’obéissance généreuse aux lois, et non pas des bagatelles qui vous occupent. Prenez garde aussi que la pudeur, quand elle n’est pas une grâce, n’est qu’une niaiserie, et que la sombre candeur de vos effarouchements donne un spectacle ridicule, monsieur Nicodème, et quelque peu indécent.

Mais M. Nicodème avait déjà quitté la place.