Page:Anatole France - Les Opinions de Jérôme Coignard.djvu/49

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rectionnels, condamnant sans ironie les insurrections. Si nous commencions à sourire un peu de ces sottises, qui parurent augustes et furent parfois sanglantes ; si nous nous apercevions que les préjugés modernes ont comme les anciens des effets ou ridicules ou odieux ; si nous nous jugions les uns les autres avec un scepticisme charitable[1],

  1. Cela a été très bien senti, M. Hugues Rebell a reconnu qu’il existe un scepticisme charitable. À propos, non point, il est vrai, des opinions de M. Coignard, mais de quelques écrits sortis de la même inspiration, il a fait plusieurs remarques dont je puis m’autoriser ici :

    « Il y aurait une curieuse méditation à faire à la suite de cette lecture qui nous fournit un précieux enseignement. Qu’on me permette donc quelques réflexions :

    » 1o L’organisation d’une société ne dépend pas des volontés particulières, mais de la volonté de la nature ou plus simplement de l’ensemble des êtres les plus intelligents composant cette société, qui fatalement choisissent la façon de vivre la plus agréable ;

    » 2o Les hommes d’une époque ayant le même organisme et les mêmes passions que les hommes d’une autre époque ne peuvent avoir des institutions absolument différentes. Il en résulte qu’une révolution politique n’est qu’un mouvement circulaire du peuple autour de ses anciennes coutumes pour revenir à son point de départ ; c’est donc une maladie, une interruption dans le développement de l’hu-