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II

SAINT ABRAHAM


En cette nuit d’été, tandis que les moucherons dansaient autour de la lanterne du Petit-Bacchus, M. l’abbé Coignard prenait le frais sous le porche de Saint-Benoît-le-Bétourné. Il y méditait, à sa coutume, lorsque Catherine vint s’asseoir à côté de lui sur le banc de pierre. Mon bon maître était enclin à louer Dieu dans ses œuvres. Il prit plaisir à contempler cette belle fille, et comme il avait l’esprit riant et orné, il lui tint des propos agréables. Il la loua d’avoir de l’esprit non seulement sur la langue, mais encore à la gorge et dans le