Page:Anatole France - Les Opinions de Jérôme Coignard.djvu/84

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» — C’est, me répondit-elle, celui de me sentir déshonorée.

» Je reconnus à cette réponse qu’elle avait de la délicatesse. J’en veux supposer autant à tel ou tel de nos ministres, et si jamais j’écris contre ceux-là, ce sera pour les flatter curieusement dans leur vice et dans leur infamie. Mais pourquoi différer l’exécution d’un si beau dessein ? Je veux demander tout de suite à M. Blaizot un cahier de papier pour écrire le premier chapitre de la nouvelle Ménippée.

Il tendait déjà le bras vers M. Blaizot étonné. M. Jean Hibou l’arrêta vivement.

— Gardez, monsieur l’abbé, lui dit-il, ce beau projet pour la Hollande et venez avec moi à Amsterdam, où je vous trouverai un emploi chez quelque limonadier ou baigneur. Là, vous serez libre ; vous pourrez écrire la nuit votre Ménippée au bout d’une table, tandis qu’à l’autre bout je composerai mes libelles. Ils seront virulents, et qui sait si par nos efforts nous n’amènerons point un