Page:Anatole France - Les dieux ont soif.djvu/358

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

XXIX

La Seine charriait les glaces de nivôse. Les bassins des Tuileries, les ruisseaux, les fontaines étaient gelés. Le vent du nord soulevait dans les rues des ondes de frimas. Les chevaux expiraient par les naseaux une vapeur blanche ; les citadins regardaient en passant le thermomètre à la porte des opticiens. Un commis essuyait la buée sur les vitres de l’Amour peintre et les curieux jetaient un regard sur les estampes à la mode : Robespierre pressant au-dessus d’une coupe un cœur comme un citron, pour en boire le sang, et de grandes pièces allégoriques telles que la Tigrocratie de Robespierre : ce n’était qu’hydres, serpents, monstres affreux déchaînés sur la France par le tyran. Et l’on voyait encore :