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LE SARRASIN.

lemment dans son orgueil et tenait sa tête haute comme d’habitude.

« Courbez-vous comme nous ! » lui murmurèrent d’un ton bienveillant les autres fleurs.

« Quel besoin ai-je de le faire? » répondit le sarrasin qui n’aimait pas qu’on lui donnât des avis.

« Courbez-vous comme nous ! » lui crièrent les autres grains; voilà l’ange de la tempête qui arrive. Il a des ailes qui s’étendent du plus haut des nuages jusqu’au fond de la vallée la plus humble, et il vous renversera avant que vous ayez seulement eu le temps de lui demander grâce et merci! »

« Une fois pour toutes, je ne consentirai jamais à faire si peu de cas de moi-même, » reprit le sarrasin.

« Refermez vos fleurs et enveloppez-les bien avec vos feuilles, » dit à son tour le vieux et prudent saule, et surtout « gardez-vous de regarder l’éclair quand la nue s’entr’ouvrira. Les hommes eux-mêmes ne l’oseraient pas. Car, encore que lorsqu’il éclaire ils puissent voir tout à travers le ciel, l’éclair les rend aveugles. Que