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LES CYGNES SAUVAGES.

lations d’une belle pièce de gaze d’or. La douce et délicate senteur des arbres verdoyants et de l’herbe embaumait l’air tout à l’entour, et les oiseaux paraissaient si apprivoisés qu’on eût dit à chaque instant qu’ils allaient venir se percher sur les épaules d’Elfride. Elle entendait aussi le murmure de l’eau accourant par mille petits ruisseaux différents se réunir pour former un vaste et magnifique lac dont le fond était du sable le plus fin et le plus brillant. A la vérité elle en était séparée par une barrière que formait la réunion confuse d’une multitude de plantes rampantes, de fleurs odorantes; mais un daim y avait pratiqué, à un certain endroit, une large brèche dont Elfride profita pour s’approcher de l’eau. Telle en était la limpidité que si, à ce moment même, le vent n’avait pas agité les branches des arbrisseaux et les touffes des fleurs, Elfride eût dû être convaincue que ces rameaux et ces touffes avaient été artistement peints au fond du lac, tant sa surface réfléchissait fidèlement la moindre feuille, non-seulement celles que les rayons dorés du soleil illuminaient de leurs