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III




 
Parmi tant de regards qui recherchent le sien,
Quel espoir que jamais mon humble regard perce
Les adorations que sa beauté traverse
Avec ses yeux levés et son noble maintien ?

Elle ne saura pas que je l’aime et combien !
Jusqu’à l’âge où le cœur en son hiver se gerce,
Mon cœur, que sa pensée émeut et bouleverse,
La suivra, taciturne et sombre stoïcien.

Et ce n’est là qu’un peu des chagrins qui m’attendent ;
En la suivant ainsi, je vivrai dans l’effroi
De voir, tandis qu’en vain mes désirs la défendent,
 
Ses regards s’abaisser sur un autre que moi,
Sur un autre que moi descendre son sourire ,
Son sourire ignorant de l’amour qu’il déchire.